Line Lisbonne et Cie

Cuisine & Balades gourmandes

À la recherche de lentilles corail indiennes

Drôle de titre me direz-vous ? Oui, mais voilà j'aime beaucoup la cuisine indienne et j'avais envie de vous faire partager une de mes promenades matinales, en quête de nouveaux produits culinaires à Lisbonne. Vous comprendrez pourquoi il y a peu de photos...

J'ai ajouté quelques infos sur le quartier populaire Martim Moniz, pour terminer avec une recette de Dhal de lentilles et quelques adresses intéressantes.

Centro commercial Martim Moniz

lentilles corail indiennes

épicerie indienne

Le centre commercial de Mouraria

Lisbonne est une ville secrète qui nous réserve des surprises, même lorsqu'on y vit depuis très longtemps. Petite place oubliée, ruelle cachée, échoppe d'un autre âge côtoyant des magasins super chics. C'est une capitale qui évolue sur le plan urbain, culturel, sociologique, touristique et... gastronomique.

Aujourd'hui, notre balade dans Lisbonne nous mène à Martim Moniz et dans le quartier de Mouraria ( vois la carte au bas de l'article). Je vous parlerai plus loin de l'histoire de cette zone de Lisbonne, mais revenons à notre sujet.

Lundi dernier, j'avais une envie de cuisine indienne, réalisée avec des produits indiens authentiques. Sur ma liste de courses, j'avais noté des lentilles corail, de la poudre de coco, des clous de girofle et de la pâte de tamarin (nom arabe signifiant "datte indienne"), sachant bien que j'en profiterais pour acheter d'autres épices ou des fruits secs.
On trouve des produits indiens dans certains supermarchés, certes,mais je préfère les acheter dans un magasin indien qui vend des articles que l'on ne trouve nulle part ailleurs.

Donc, avec mon appareil photo à l'épaule je me suis rendue, comme je le faisais souvent il y a 6 ou 7 ans, au "Centro Comercial da Mouraria, Place Martim Moniz, bien décidée à prendre quelques clichés. J'avais bien en mémoire l'inimaginable contraste entre l'extérieur du bâtiment - sombre et imposant - et l'incroyable vie haute en couleurs qui se déroulait à l'intérieur sur huit niveaux. Je me souvenais des dizaines de magasins chinois vendant en gros des vêtements dans les étages supérieurs et décidai d'emprunter les escaliers pour jeter un coup d'œil à la zone des textiles avant de faire mes courses.

J'avais bien entendu dire que les magasins chinois s'étaient beaucoup développés au détriment de magasins d'autres origines ethniques mais mon ascension me laissa bouche bée !
Tout d'abord les effets de la crise étaient indéniables car des dizaines de petites échoppes étaient définitivement fermées à tous les étages avec pour toute indication une feuille blanche avec un message en chinois et un numéro de portable portugais.
Puis, en redescendant vers le niveau 0, je m'aperçus que les épiceries avaient presque toutes disparu. Les magasins de chaussures, sacs, bijoux-fantaisie, linge de maison, vêtements, appareillage ėlectronique, téléphones et bimbeloterie avaient totalement envahi le centre commercial. Les marchands Chinois étaient soit affairés à déballer et ranger des caisses de marchandises, soit installés sur des chaises longues dans les couloirs avec leur portable à l'oreille.
Perplexe, je partis à la recherche de mes magasins indiens espérant qu'ils existaient toujours. Je me faufilai dans ce dédale de couloirs obscures en prenant quelques photos de vitrines et là, halte ! Un gardien de la sécurité s'approcha de moi en m'indiquant qu'il étaIt interdit de prendre des photos et que je devais effacer devant lui celles que je venais de prendre. Je dus obtempérer évidemment. J'en profitai pour lui demander si les épiceries indiennes existaient encore, ils me dit qu'il en restait seulement 2....

Les épiceries indiennes du centre commercial

Je retrouvai assez facilement la première, Popat store, avec devant ses étalages de fruits et légumes et  à l'intérieur des étagères surchargées des produits les plus divers provenant d'Inde, du Pakistan, de Malaisie, du Sri Lanka et d'ailleurs. Il y avait quelques clients étrangers, deux femmes brésiliennes, une Allemande et une famille parlant indien. Quel plaisir de scruter les rayons de cette épicerie minuscule mais  si sympathique.

Loja Popat Store
Loja Popat Store

Je remplis mon panier d'épices, de fruits et de légumes secs. J'échangeai quelques mots - en portugais - avec le monsieur qui tenait la caisse pour avoir des précisions sur certains produits et je ressortis à la recherche du second magasin dont je n'avais aucun souvenir.
Je dus zigzaguer de nouveau pour le dénicher, un minuscule magasin vendant principalement des graines ( moutarde, fenugrec, ...) des épices en tout genre, ainsi que quelques conserves et autres articles d'épicerie. Un couple dont la femme portait un joli sari y faisait ses courses.

Je décidais de poursuivre mon parcours dans d'autres couloirs menant au métro et là, un escalier me ramena à l'air libre mais .... J'étais de l'autre côté de la place car j'étais en fait ressortie par l'autre centre commercial faisant face au premier.
Vu mon chargement, je décidai qu'il ėtait temps de trouver un bus pour rentrer.
Sur la place, l'arrêt du tramway menant au château avait une queue d'environ 50 personnes, tous des touristes dont beaucoup de français du 3ème âge. Moi, je continuais vers une autre direction...

La queue pour le tramway
La queue pour le tramway

 

Retour à la maison

Je revins à la maison, un peu désappointée, et décidai d'en savoir plus. Dans mon souvenir, il y avait beaucoup plus de magasins indiens et africains vendant des fruits et légumes exotiques et le centre commercial, au moins au rez-de-chaussée, ressemblait davantage à un souk multi ethnique qu'à un supermarché chinois pour commerçants.

Mes recherches sur le web me donnèrent quelques informations datant de 2011 ou 2013, provenant de journaux portugais, le journal DN, Público et la revue Visão. Je trouvais aussi quelques vagues commentaires sur des sites touristiques.
Que s'était-il passé ?????

Bref historique du quartier Mouraria

Le quartier "Mouraria" est un des plus anciens quartiers de Lisbonne. Il doit son nom à un espace où étaient confinés les Arabes et les Musulmans après la conquête de la ville aux Maures vaincus par les Chrétiens au XIIe siècle. Ces populations musulmanes sont progressivement remplacées par les Chrétiens au gré des persécutions.

La Mouraria est partiellement touchée par le tremblement de terre de 1755 et continue, après cette date, de jouer le rôle d’un carrefour des flux migratoires mais aussi de ghetto.
Sur le plan architectural, on y trouve encore des traces médiévales avec ses petites ruelles tortueuses, des maisons basses et serrées les unes contre les autres. La fonction résidentielle et l‘habitat précaire dominent le quartier autour d’un marché de gros qui favorise les trafics illicites. C’est aussi un lieu de prostitution.

Après la Révolution des Œillets, en 1974, la Mouraria reçoit les ressortissants des anciennes colonies portugaises, principalement du Mozambique, qui ouvrent de petits magasins. Les pionniers furent des Indiens, Hindoux et Musulmans. Puis s’installèrent des populations originaires d’Afrique, des Pakistanais et des Chinois.

Malheureusement, ce quartier multi ethnique est stigmatisé et considéré comme « dangereux ». Dans les années 80 et 90, c’est le repère des trafiquants de drogue dure, dans un contexte de dégradation et d’insalubrité. C’est là que se réfugient les populations socialement exclues et les sans abris.

La chanteuse de Fado de Mouraria

Maria Severa, célèbre chanteuse de Fado du quartier de Mouraria, connue sous le nom de A Severa est née à Lisbonne en 1820 d’un père Tsigane et d’une mère portugaise. Sa mère était la propriétaire d'une taverne.  Maria fut d'abord prostituée, et elle commença à chanter dans une taverne située Rua do Capelão ( rue du quartier Mouraria). Elle avait une voix merveilleuse et était semble-t-il très belle. Elle eut plusieurs amants célèbres, dont le comte de Vimioso qui, d'après la légende, fut ensorcelé par la voix de Maria Severa et ses interprétations accompagnées à la guitare portugaise. Elle mourut de la tuberculose à 26 ans. Sa renommée est due en grande partie à Júlio Dantas et à son roman A Severa (adaptée pour le théâtre en 1901).

Elle est devenue un personnage emblématique du quartier et du Fado.

Le XXI º siècle dans la Mouraria

En 2008, des habitants du quartier, inquiets de la dégradation urbaine et sociale de ce quartier semble-t-il abandonné par les pouvoirs publiques, fondèrent une association "Renovar a Mouraria". Les objectifs étaient de permettre une meilleure intégration des immigrés mais aussi de développer des activités culturelles et touristiques pour donner un nouveau visage au quartier tout en conservant son histoire et en préservant la vie de ses habitants. Le pari semble réussi puisque l'association  continue d'être très active et propose une foule d'activités, pour les Lisboètes et les touristes, repas du Monde, expos, visites guidées... Cliquez sur le lien pour en savoir plus !

 

Pour finir : une recette et de bonnes adresses

Évidemment cette virée et ses recherches m'avaient mis l'eau à la bouche. J'ai donc recherché diverses recettes, puis mis au point  une version  de Dhal de lentilles corail, un Curry indien au coco, que je trouve succulente !

Et puis n'oublions pas que nous sommes au Portugal et que dès le début du XVIe siècle, le monopole du commerce avec les Indes, passa aux mains des Portugais, avec la route des épices.

  1. Ma recette : Curry de lentilles Corail à l'indienne
  2. Mes adresses de magasins:

Les magasins indiens du centre commercial

  • POPAT STORE

CENTRO COMMERCIAL MOURARIA LOJA - 251/252; 1100-364 LISBOA

9h às 20h de Seg. a Sab.

Telefone: 218871163

Website: www.popatstore.pt

 

  • LOJA SIDDHI

CENTRO COMMERCIAL MOURARIA LOJA - 226; 1100-364 LISBOA

Telefone: 218885005

Pas de site internet à ce jour

3. Mes adresses de restaurants

Il y en a beaucoup de restaurants indiens à Lisbonne, que je suis prête à découvrir. En voici 4 que je recommanderais volontiers.

Quartier Rato ( près du métro Rato) 
Rua do Sol ao Rato - 50-52
1250-263 - Lisboa
tel: +351 213 880 630
w: www.restaurantenatraj.com
 

Quartier Mouraria

Rua de São Pedro Mártir 23

1100-555 Lisboa

tel :21 887 5824

 

( Près de l'avenue de la Liberté)

Rua da Gloria 43
1250-115 Lisboa
tel: 213460796

 

( Entre la place Principe Real et l'avenue de la Liberté)
Rua da Alegria 23
1250-005 Lisboa
tel: 21 347 9918

 

Plan du quartier

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