Line Lisbonne et Cie

Cuisine & Balades gourmandes

Souvenirs dans la cuisine de mes grands-mères

Dans la cuisine

Le confinement pousse à la réflexion et en réfléchissant à ce qui a pu influencer mon plaisir de cuisiner, des images de ma jeunesse ont ressurgi spontanément.

Parcelles de souvenirs dans la  cuisine de mes grands-mères…

Depuis l’adolescence, j’éprouve un réel plaisir à cuisiner. Ma mère était une bonne cuisinière et nous aimions nous lancer toutes les deux dans de nouvelles recettes. L’une lisait et l’autre exécutait, dans une complicité harmonieuse et joyeuse.  Mais, lorsque ma mémoire m’immerge dans des atmosphères de cuisine, c’est à mes grands-mères que je pense. Surgissent alors des souvenirs visuels et olfactifsparfums des gâteaux sortant du four, sensation encore présente de la farine qui glisse entre mes  doigts,  saveur ineffaçable de la crème raclée dans le fond de la casserole avec une cuillère en bois. 

Elles épluchaient, coupaient, râpaient, mijotaient, pétrissaient, fouettaient et pâtissaient pour régaler nos yeux et nos palais. Et moi, assise sur un tabouret, je  les observais tout d’abord puis participais un peu plus tard. Ce qui me fascinait lorsque j’étais enfant c’était l’habilité avec laquelle elles transformaient des ingrédients inertes en  mets odorants et succulents. Elles créaient des chefs d’œuvre, comme par magie !

Chacune cuisinait à sa façon

La première mitonnait des plats élaborés dont elle connaissait tous les secrets de préparation. Ses poissons en sauces crémeuses, ses volailles farcies et ses mousselines de légumes, servis le dimanche et les jours de fête intégraient un menu défini et inébranlable. Le beurre, la crème fraîche, les petits pots d’épices et les aromates attendaient, sur la table qu’on eut besoin d’eux.

Elle excellait en pâtisserie: tartes succulentes, meringues, macarons, crèmes glacées, entremets délicats et surtout, surtout, ses choux à la crème caramélisés ! Elles pâtissait au gramme près, la balance était toujours présente et elle consultait son petit calepin noir  où se trouvaient les recettes recopiées soigneusement à l’encre violette par mon grand-père.

Un petit carnet, fermé par un élastique comme si les recettes risquaient de s’échapper, qu’elle remisait dans son tiroir. Elle était peu loquace et je l’observais le plus souvent en silence, pour ne pas rompre sa concentration. Mais comme j’aimais qu’elle me sollicite pour aller chercher un ustensile, un nouveau paquet de sucre ou mieux encore pour l’aider à mélanger la pâte ! J’avais ainsi la sentiment d’avoir contribué à la réussite de la recette. 

Mon autre grand-mère était un personnage en tous points différent. Elle cuisinait fort bien, elle aussi, toutes sortes de recettes.  Elle préparait des plats traditionnels, plus simples et savoureux mais, surtout, elle privilégiait ceux que j’adorais. Nul besoin de livre de recettes pour elle, elle improvisait merveilleusement et je la revois sur la pointe des pieds dans sa minuscule cuisine. Elle  faisait revenir amoureusement son “fricot* (terme d’origine alsacienne) tout en disant « Tiens, je vais mettre un peu de thym et puis des petits échalotes, aujourd’hui, tu aimes bien ça, les petites échalotes !” Elle connaissait mes goûts enfantins et adolescents et préparait devant moi et avec amour, les plats qui me régalaient tout en me racontant comment elle procédait car elle commentait le point ! 

Une de ses spécialités du samedi soir, servie avec un rôti de bœuf à la cocotte, c’était ses pommes frites. D’abord finement coupées en rondelles, soigneusement essuyées dans un torchon blanc puis plongées, en deux temps dans la bassine à frites, elles étaient les meilleures du monde. “Il faut les préparer au dernier moment”, disait-elle “pour qu’elles soient chaudes, gonflées et croustillantes”.  Bien que très gourmande, elle n’avait que quelques spécialités sucrées : les crêpes, les tartes aux fruits de saison et le kougelhopf alsacien, recette de famille. Elle se disait fâchée avec la balance, mesurait avec un verre à moutarde ou une cuillère à soupe et c’était toujours réussi. 

Et aujourd’hui…

Aujourd’hui, je passe beaucoup de temps en cuisine mais je sais que je ne serai jamais une pâtissière accomplie.J’utilise ma balance, certes, mais je ne parviens pas à avoir la précision d’un orfèvre. Ce qui me comble de bonheur c’est de prendre des libertés et d’improviser à partir de recettes existantes. En cuisine, on peut se le permettre, en pâtisserie, c’est beaucoup plus risqué. 

J’ai appris que la pâtisserie était une alchimie précise or, pour moi, cuisiner c’est un peu comme du Free Jazz, il y a des compétences et des harmonies à respecter puis…  on improvise, en solo pour moi. Et si le résultat est réussi et approuvé par mes gourmands préférés, j’écris ma partition afin de pouvoir reproduire la recette et aussi la partager sur le blog que j’ai initié en 2015. 

Ceci dit, je consulte avec intérêt et admiration les livres de chefs, je regarde des vidéos, je m’informe sur les produits que je ne connais pas et je suis régulièrement des cours en ligne pour acquérir certaines techniques  indispensables. Je m’entraîne donc ! Ensuite, avant de me lancer dans une nouvelle expérience culinaire, j’esquisse ma  recette dans ma tête  en tentant d’imaginer les mélanges de saveurs. Les résultats sont plus ou moins fructueux mais j’adore ça ! Je recommence si nécessaire. 

Et tout en hachant, mixant, ciselant, fouettant, aidée en cela par des outils modernes, je me revoie dans la cuisine des mes deux grands-mères,  des cuisines baignées de soleil, de parfums et de bonheur. 

Merci à ceux qui m’ont lue jusqu’ici et surtout merci à nos grands-mères…

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